Les championnats de France 2013 s’approchent à grands pas puisque l’évènement est prévu d’après des rumeurs avant les vacances d’été. Cela dit, pas encore d’annonce officielle sur la date ni sur le lieu même si à priori, on devrait les refaire à Royan par tradition.C’est donc l’occasion de voir si le système de compétition utilisé pour élire le champion de France est aussi équitable et juste que séduisant.
Le Seven to Smoke tire ses origines des battles de Breakdance. Il a été mise en place pour la première fois par la compet de break IBE à Rotterdam en 2002. Le concept est simple : 8 participants et pour gagner, il faut littéralement « en fumer 7 », logique ! Plus précisément, 2 personnes commencent par s’affronter dans un battle, le gagnant marque un point et continue sur sa lancée en affrontant un autre concurrent alors que le perdant se met au bout de la file indienne et retentera sa chance dans 6 battles et ainsi de suite. Le premier arrivé à 7 points s’impose. Les battles se déroulent en une manche d’environ 30 secondes et c’est le rentrant qui a le privilège ou plutôt la malchance de commencer.
Plusieurs compétitions en France ont utilisé ce système de battles que ce soit pour des qualifications ou des phases finales. Ce système propose une toute autre alternative au système classique à élimination directe (1/8e de finale, ¼ de finale…) avec des battles de 3 manches de 30 secondes (au passage, mises à la mode par le Red Bull Street Style en 2008). Il a donc des points forts mais surtout des points faibles comme nous allons le voir.
Commençons par les points forts car ça sera vite réglé. Déjà, le système est séduisant car différent de ce que l’on a l’habitude de voir à l’étranger et de plus, vient d’une culture différente. Il permet aussi une interaction entre tous les participants contrairement au système classique. Parce qu’un adversaire qui est en file indienne et attend son tour, va forcement avoir un œil sur ce qui se passe et va suivre l’évolution des différents battles car ça le concerne directement. Dans un quart de finale par exemple, le freestyler ne va pas regarder les trois autres quarts de finale, il va se préparer et se concentrer uniquement sur le sien. Autre avantage et c’est surtout pour cela que le système a été créé, le vainqueur finale rencontrera plus d’adversaires que dans un système classique.
Mais pas nécessairement tout le monde, et cela nous offre une bonne transition pour amorcer l’énumération des inconvénients du système. En effet, le nom « Seven to Smoke » sous-entend que l’on doit battre les 7 adversaires pour gagner mais premièrement, le vainqueur n’est même pas amené à rencontrer tous ses adversaires et même s’il les rencontre tous, il n’est pas obligé de les vaincre tous pour arriver aux 7 points !
Mais ce qui est intéressant à savoir, c’est quand Dutchbboyn and Got Skillz crew Rotterdam ont inventé ce système en 2002, les régles étaient de gagner 7 battles consécutifs pour s’imposer ! Et si personne n’y parvenait au bout d’un temps réglementaire préétabli, le bboy qui avait enchainé le plus de victoires consécutives était désigné vainqueur. Le nom était donc tout à fait justifié mais d’autres compets ont ensuite repris le principe en changeant les règles sans en changer le nom, détruisant tout le charme du seven to smoke.
Mais d’autres problèmes apparaissent. Premièrement, c’est la question de qui est censé commencer le seven to smoke. Au championnat de France, c’est le 8ème de qualifs qui défie le 7ème. En théorie, la solution est idéale car sur le papier, le 7e est censé gagner qui va ensuite perdre contre le 6e et ainsi de suite… ce qui au final n’arrangera pas quelqu’un en particulier. Mais ce pied d’égalité n’est pas du tout assuré en réalité car le 8ème des qualifs peut être quelqu’un qui est meilleur que les adversaires mieux classés et va ainsi profiter pour grapiller de précieux points dès le début à l’exemple de Moss en 2012. C’est ce qui lui a valu au final sa 2ème place.
Si on commence par le battle 1er contre 2ème, le système va avantager l’un de ses deux gaillards puisque le vainqueur du battle, va avoir une autoroute en théorie en affrontant le 8ème puis le 7ème et ainsi de suite… Mais c’est déjà plus équitable car du coup ça donne un intérêt à finir 1er des qualifs alors que dans le cas précédant, ça insiste les gens malins à « rater les qualifs » pour se retrouver près de la 8ème place. Cela dit, cette technique à Royan, est à double tranchant car on peut se retrouver au-delà de la huitième place et ainsi ne peut être qualifié.
Deuxièmement, se pose le problème de l’échauffement des rentrants. Je m’explique : le vainqueur sort d’un battle donc est échauffé alors que le rentrant qui va le défier est froid car a attendu à la queue-le-le 6 battles avant de rentrer et les conditions du seven smoke ne donne pas vraiment la possibilité de s’échauffer… il faut rester dans la file indienne, non mais ! Du coup, cela avantage les grosses séries comme celle de Sean en 2012.
Troisièmement, le format du battle peut être remis en cause aussi. Il s’agit d’une manche d’une trentaine de secondes où il faut convaincre le jury. Les passages du seven to smoke mettent plus en valeur les gros gestes et donne moins d’intérêt aux combinaisons fluides et travaillées. Mais ça ce n’est pas le plus gros soucis, là où vraiment le seven to smoke devient contestable, c’est le fait qu’en un passage, on a pas besoin de se montrer complet et on peut même se contenter de jouer un style ! Dans le format 3×30 secondes, il est impossible de boycotter un style… on est toujours sanctionné. Ainsi, les allrounders sont vraiment désavantagés dans ce système-là et avec la philosophie du freestyle du moment qui prône l’allround, c’est assez contradictoire. Cet inconvénient est quand même à nuancer : par exemple au championnat de France, le vainqueur final peut être difficilement spécialisé uniquement dans un style car si les juges font bien leur boulot, il est sanctionné au fil des battles qu’il enchaine.
Dernièrement, le seven to smoke, comme l’a dit Michryc lors d’une interview pour France Freestyle Ball, peut être très long si le niveau est disputé. En effet, on peut aller jusqu’à 49 battles si l’on pousse les choses à l’extrème. Ce qui fait, plus d’une heure et demi de confrontations épuisantes !
Mais pour conclure, il faut avouer que le Seven to Smoke fait le charme du championnat de France et malgré toutes les imperfections du système, je ne pense pas qu’il faille basculer vers un système classique… à condition que le Seven To Smoke n’envahisse pas toutes les compétitions françaises !
Vidéo du Seven To Smoke 2012 :